La création est pour moi à la fois un refuge et un ancrage dans le monde. Elle naît d’un dialogue constant entre contemplation et introspection, entre ce que je vis et ce que je rêve, entre les mythes et ce que j’observe de la nature.

À la lisière de l’abstraction et du paysage, je cherche à traduire la beauté, la fragilité et la force du vivant. Mes compositions évoquent un monde en métamorphose où les formes organiques — végétales, animales, minérales, aquatiques et parfois humaines — s’entremêlent et deviennent des métaphores de nos paysages intérieurs.

Ces formes émergent d’un travail intuitif, nourri par une large palette de couleurs et d’ondulations, reflets des émotions et des strates de l’inconscient. Je crée des passerelles entre mes différents langages plastiques : encres sur papier ou textile, peinture, estampes et tissus assemblés. Ce va-et-vient me permet d'explorer des effets de transparences, de superpositions et de dilutions, en écho avec les notions de mouvement, de transformation et de porosité qui traversent mes paysages.

Cette fluidité me guide dans un équilibre entre maîtrise et lâcher-prise, notamment sur la soie — matière organique où l’encre se diffuse et semble prendre vie. C’est dans cette recherche que le geste, la matière et le sensible se rejoignent pour ouvrir un espace de liberté.

Je ne sais pas définir ma peinture. Ce n’est pas un mal, car je me méfie des classifications et des systèmes. Comment et pourquoi définir ce qu’on a sorti avec son coeur ?

Sonia Delaunay. « Nous irons jusqu’au soleil », 1978